Points saillants
- Pour la santé des vaches, la prévention est essentielle
- Les antibiotiques sont seulement utilisés en dernier recours pour traiter les infections bactériennes
- Le lait canadien provenant de vaches traitées est jeté
- Le lait canadien est analysé pour s'assurer qu'il n'est pas contaminé avant d'arriver au consommateur
Les antibiotiques sont-ils utilisés pour traiter les infections bactériennes chez les vaches laitières?
« Oui, on utilise des antibiotiques, mais seulement si c'est nécessaire. C'est comme avec les humains, on ne prend pas d'antibiotiques pour rien », explique Marie-Claude, une productrice laitière québécoise. « Si on a donné tous les soins nécessaires à une vache et on constate qu'une maladie ou un problème persiste, on appelle le vétérinaire pour qu’il examine l'animal et recommande un traitement.».
Pour éviter les maladies dans le troupeau, les producteurs laitiers canadiens préconisent d’abord la prévention. Cette méthode implique de fournir une alimentation de qualité, une litière fraîche et sèche, et tout le confort dont les vaches ont besoin. En observant les interactions quotidiennes d’une vache avec le reste du troupeau, les producteurs remarquent quand quelque chose ne va pas chez une vache ou quand elle a l’air de ne pas bien se sentir. Mais pour plus de vigilance encore, plusieurs producteurs utilisent des podomètres pour suivre l'activité des vaches. Certains systèmes de traite recueillent aussi des données et signalent tout changement dans les habitudes d'un animal donné.
C’est important de garder à l'esprit que les antibiotiques ne sont utilisés que pour traiter les infections causées par des bactéries et non par des virus (les antibiotiques ne sont pas utiles pour les virus comme la grippe). Chez les vaches, la raison la plus fréquente pour utiliser des antibiotiques, c’est la mammite , une infection de la glande mammaire. Ce genre d’infection existe aussi chez l'humain (certaines femmes qui allaitent ont parfois des mastites). Un diagnostic vétérinaire est nécessaire avant de pouvoir donner un traitement antibiotique. Heureusement, la mammite est généralement guérie rapidement, car les producteurs laitiers font preuve d'une grande vigilance en matière de prévention (nettoyage régulier, assainissement du pis, etc.). Ils observent aussi les signes avant-coureurs comme les changements de taille et de texture du pis, et ils surveillent l’état du lait à l’aide d’inspections visuelles et des données des systèmes de traite.
Comment un producteur sait si une vache a besoin de traitement ?
Si la prévention vient en premier, les remèdes simples viennent en deuxième, et les antibiotiques, en dernier recours. Olivier, un producteur laitier du Québec, explique : « On préfère commencer par du dextrose (un sucre simple) ou par des électrolytes au cas où les vaches auraient juste besoin d'un coup de pouce énergétique. Si on donne des antibiotiques, c’est parce qu’ils sont recommandés par un vétérinaire. . ». Les producteurs canadiens donnent des antibiotiques aux vaches laitières seulement si elles en ont besoin pour se remettre d'une infection qui leur cause une souffrance. Si une vache prend des antibiotiques, son lait ne peut pas être utilisé pour la consommation humaine ou animale, ce qui signifie que son lait est jeté. C’est donc aussi dans l'intérêt des producteurs de donner des antibiotiques uniquement quand un animal en a vraiment besoin.
Quel est le protocole d'utilisation des antibiotiques pour traiter les vaches ?
« On veut qu’elles se portent bien. C'est notre priorité numéro un. Qu’elles se portent bien et qu'on s'occupe d'elles. Mais on veut aussi avoir du lait de la meilleure qualité, c'est pour ça que, quand une vache est traitée aux antibiotiques, on jette le lait. ». D'un océan à l'autre, on suit un protocole standard pour prendre soin d'une vache traitée aux antibiotiques et pour savoir quoi faire avec son lait : on trait son lait séparément et on le jette .
Chaque fois qu’on soigne une vache avec un antibiotiques, son lait ne va pas dans le réservoir pendant une certaine période appelée « période de retrait », explique Jacob. Selon ses besoins physiologiques, « elle est traite, mais son lait contenant des antibiotiques n'ira pas dans le réservoir de lait ». La période de retrait varie en fonction de l'antibiotique et de la dose administrée, mais les protocoles de retrait sont définis par Santé Canada, et sont les mêmes dans tout le pays. Les producteurs canadiens prennent ces protocoles au sérieux. « Chaque médicament a son propre protocole qu’on doit suivre », explique Marie-Claude. « C’est soit un nombre de journées ou un nombre de traites, où justement on doit jeter le lait. Donc, on jette le lait. On ne l’utilise même pas pour les veaux, rien du tout. On a vraiment un protocole à respecter. »
Ces mesures garantissent que l’organisme des vaches a assimilé puis éliminé les antibiotiques, et que son lait ne présente plus aucun risque pour les consommateurs avant d’être réadmis dans le réservoir de lait. En suivant ces procédures strictes, nos producteurs n’offrent que du lait dont les tests de résidus d'antibiotiques sont négatifs.
Qu’est-ce qui garantit que le lait canadien peut être consommé sans danger ?
En plus des producteurs qui respectent la période de retrait des vaches traitées aux antibiotiques, le chauffeur du camion de lait inspecte le lait de chaque ferme avant de le recueillir. Il ou elle classe le lait et prélève un échantillon dans le réservoir de lait de chaque ferme avant de le charger dans le camion. Aussi, avant de décharger le lait à l'usine de transformation, le lait doit être analysé pour s'assurer qu'il est propre à la consommation humaine. Seul le lait non contaminé peut entrer dans l'usine pour être pasteurisé et transformé. Ces mesures de sécurité sont mises en place pour éviter toute erreur humaine potentielle.
Si jamais un échantillon revenait positif pour une contamination aux antibiotiques, la ferme responsable serait sévèrement sanctionnée. La prévention et le protocole sont essentiels pour que le lait canadien reste pur et sécuritaire. « On n’a jamais expédié du lait contenant des antibiotiques », explique Jeremy.
Au bout du compte, c’est la qualité qui compte
Les producteurs laitiers canadiens sont très fiers de la qualité de leur produit. Pour eux, la réglementation stricte occaionne travail acharné et vigilance extrême, tant pour les soins aux animaux que pour la salubrité alimentaire, mais au bout du compte, ça vaut vraiment la peine.
« On donne notre 100% parce qu'on l'a toujours fait et que c'est important. Au final, on a un sentiment de fierté. On est fier de produire tous les jours un lait de qualité supérieure. »