
Comment réduire les émissions du secteur laitier?
Les Producteurs laitiers du Canada ont pris l’engagement de viser la carboneutralité pour l’ensemble des fermes laitières canadiennes d’ici 2050. L’engagement de l’organisme comprend aussi des cibles concernant la santé des sols et des terres, l’eau, la biodiversité et l’efficacité énergétique.
L’empreinte carbone des fermes laitières au Canada
Les producteurs sont des citoyens de notre planète, et tous les citoyens ont un rôle à jouer dans la lutte contre les changements climatiques. Les producteurs d’aujourd’hui ont à cœur de préserver les ressources naturelles pour les générations futures tout comme leurs parents et leurs grands-parents avant eux. Parce que la plupart des fermes laitières sont transmises d’une génération à l’autre, la santé des terres à long terme est primordiale afin que plusieurs générations puissent continuer de produire des aliments sur ces mêmes terres.
De plus, les producteurs sont à même de constater les impacts des changements climatiques. Qu’il s’agisse de sécheresses, d’inondations, de feux de forêt ou de tempêtes, les phénomènes météorologiques extrêmes ont un impact direct sur les fermes. Or, il existe de nombreuses façons pour les producteurs de contribuer à la protection de l’environnement qui sont aussi bonnes pour les animaux et pour le côté financier de la ferme. Idéalement, on voudrait tous produire de la nourriture en respectant les limites naturelles locales et planétaires. Les agriculteurs canadiens désirent donc bâtir la résilience de leur ferme et protéger la santé de leurs sols. 1.
Les producteurs laitiers canadiens recherchent l’efficacité et l'innovation pour assurer la pérennité de leur ferme. L’empreinte carbone d’un litre de lait diminue en conséquence. Cependant, il ne faut pas s’attendre à ce que le progrès soit toujours linéaire. En effet, la nature n’offre aucune garantie en ce sens, et un climat changeant affecte la météo (sécheresse, tempête, autres) et peut avoir des effets imprévisibles sur les cultures, les animaux et le paysage.
Aujourd’hui, les vaches laitières au Canada représente environ 1 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) de notre pays, selon les estimés d’Environnement et changements climatiques Canada dans son rapport annuel Sources et puits de gaz à effet de serre. 2 L’ensemble de l’agriculture au Canada (cultures et animaux), représente environ 8 à 10 % des émissions du pays. Le pourcentage varie un peu d’une année à une autre. Les plus grandes parts du gâteau reviennent au secteur des transports avec 28%, et les sources de combustion fixes avec environ 45% des émissions du pays. Il y a aussi les processus industriels, la gestion des déchets et d’autres activités. 2

L’empreinte du lait au Canada et dans le monde
Aujourd’hui, les émissions liées à la production d’un litre de lait canadien représentent moins de la moitié de l’empreinte moyenne mondiale d'un litre de lait. L’empreinte environnementale du lait produit au Canada est déjà parmi les plus faibles lorsqu’on la compare à celle de ses pairs ailleurs au monde. En effet, des comparaisons scientifiques de différentes analyses du cycle de vie révèlent que l’empreinte carbone de la production de lait au Canada est parmi les plus faibles au monde, étant similaire à l’empreinte carbone de la production de lait dans des pays comme les États-Unis, la France et la Nouvelle-Zélande, selon la FAO. 3 Le secteur veut poursuivre ces progrès pour l’avenir des fermes canadiennes et la santé de notre planète.
Qu’est-ce que la « carboneutralité »?
Comme pays, le Canada peut atteindre son ambition de carboneutralité seulement si le secteur privé, y inclus les petites et moyennes entreprises – dont les fermes – peuvent jouer un rôle pour activement participer aux efforts de réduction des émissions et de séquestration du carbone.
Atteindre la « carboneutralité », c’est atteindre un équilibre entre d’une part, les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui contribuent aux changements climatiques (notamment le dioxyde de carbone, le méthane et l’oxyde nitreux) et la séquestration ou la suppression du carbone d’autre part. Pour les fermes, il s’agit de réduire d’abord les émissions le plus possible, d’éviter de générer d’autres sources d’émissions et de compenser ce qui reste par des crédits ou le stockage de carbone, afin d’avoir un bilan neutre. En d’autres termes, ce qui reste des émissions dans le secteur serait équivalent à ses activités de séquestration ou de crédits.

Agir pour réduire les émissions à la ferme
Des actions qui réduisent les émissions et d’autres qui séquestrent le carbone sont proposées aux producteurs pour réduire l’intensité de l’empreinte des fermes laitières dans le temps.
Des consultations avec des experts en environnement ont permis de conclure que l’objectif de carboneutralité pour le secteur de l’ensemble des fermes laitières est ambitieux mais réaliste et atteignable. Des progrès ont déjà été réalisés en ce sens. Par exemple, plusieurs fermes au Canada ont déjà réduit leurs émissions en adoptant diverses technologies et pratiques qui rendent l’agriculture plus efficace. Certaines fermes ont adopté des technologies qui permettent de prévenir les émissions du fumier et de les convertir en énergie renouvelable. D’autres ont adopté l’énergie éolienne ou solaire. Réduire ou éliminer le travail du sol lorsque possible contribue aussi à garder le carbone dans le sol.
Produire de la nourriture, c’est aussi participer aux cycles du carbone, de l’azote et de l’eau. Les plantes aident à capter le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère et à l’acheminer dans le sol et dans les plantes en croissance. Les plantes vivaces et les arbres offrent un plus grand potentiel d’augmentation du carbone dans le sol que les plantes annuelles. Elles sont souvent inclues dans une liste dite de « solutions basées sur la nature » En gros, on vise un bilan neutre pour l’ensemble des fermes et chaque petit geste peut y contribuer.
Les producteurs seront encouragés et incités à réduire leurs émissions, à choisir des sources d’énergie qui ont une empreinte plus faible, ou à séquestrer le carbone dans le sol. De nombreuses mesures peuvent être prises – et plusieurs fermes en ont déjà prises – pour réduire, capter et compenser les émissions de GES, et améliorer son bilan au fil du temps. Cependant, il faut des outils permettant de mesurer, de surveiller, de déclarer et de vérifier les réductions d’émissions. Certains outils existent déjà ou sont en développement et il faudra fournir de la formation aux producteurs pour en maximiser le potentiel. Lorsque ces nouvelles technologies deviendront plus accessibles avec le temps, on sera en mesure d’en recommander et le potentiel d’adoption sur les fermes augmentera probablement aussi.
Une feuille de route
Les PLC se sont engagés à établir une Stratégie vers la carboneutralité. Les producteurs contribuent déjà de l’information au sujet de leurs initiatives individuelles par l’entremise du volet Environnement de proAction.
Les PLC encourageront l’adoption de pratiques agricoles qui font une différence en vue de réduire les émissions et d’offrir d’autres avantages environnementaux pour les fermes. Plusieurs de ces pratiques se retrouvent dans le guide publié par les PLC qui s’intitule Carboneutres d’ici 2050 : Guide des pratiques de gestion bénéfiques pour atténuer les émissions dans les fermes laitières canadiennes. 5
Divers outils et ressources seront mise au point pour aider les producteurs à adopter les stratégies les mieux adaptées à leurs fermes individuelles et leur milieu géographique. Des occasions de formation, des ressources scientifiques, des possibilités d’aide au financement et des programmes des gouvernements6 et d’autres intervenants pourront venir soutenir les initiatives environnementales des fermes. Un groupe consultatif continue d’aviser les PLC pour identifier les conseils qui seraient utiles pour les producteurs.
Les PLC continueront également divers partenariats avec d’autres organisations qui favorisent l’adoption d’initiatives spécifiques. Par exemple, les organisations comme AgriRÉCUP rend plus facile le recyclage du plastique, et que Arbres Canada et Canards Illimités Canada appuient la protection des cours d’eau et la promotion de la biodiversité.

Plusieurs occasions de réduire les émissions
Les investissements du secteur laitier canadien dans la recherche7 permettent de guider et réaliser des progrès qui réduisent l’empreinte carbone du lait tout en renforçant la capacité des fermes à faire face aux conséquences des changements climatiques.8 Voici quelques exemples de stratégies qui aident à réduire l’empreinte carbone des fermes et qui se trouvent dans le Guide de pratiques :
Biodigesteurs : Les émissions provenant du fumier peuvent être captées grâce à un processus appelé digestion anaérobie. On produit ainsi une forme d'engrais et de l’énergie renouvelable. Le biodigesteur d'une ferme de dimension typique au Canada peut produire suffisamment d'électricité pour 11 maisons.
Gestion du fumier : Le fumier est une source abondante d’engrais naturel. Le choix judicieux du système d’entreposage et de gestion du fumier, ainsi que les analyses des sols permettent de tirer le meilleur parti de cette ressource pour les champs. Le fumier favorise l’activité microbienne dans le sol et réduit le besoin en engrais synthétiques. Des pratiques comme vider complètement les fosses de fumier ou les recouvrir de paille diminuent aussi ces émissions de méthane durant la saison chaude.
Énergie renouvelable : la digestion anaérobie produit une énergie renouvelable. Certains producteurs déclarent aussi avoir installé des panneaux solaires ou des éoliennes sur leurs terres et profiter de ces avantages de la nature.
Alimentation des animaux : Les chercheurs étudient diverses stratégies d’alimentation depuis des décennies pour mieux comprendre comment et pourquoi la digestion des ruminants est accompagnée d’émissions de méthane et comment possiblement les réduire.
Amélioration génétique : La sélection de futures générations de vaches qui ont les traits pour transformer leurs aliments plus efficacement et d’autres progrès génétiques durables et optimaux.
Séquestration du carbone : Les fermes canadiennes, avec leurs cultures, graminées et boisés, font partie de la solution au problème climatique, car les espaces naturels séquestrent activement le carbone de l'atmosphère dans le sol, lors de la photosynthèse par les plantes qui font vivre les animaux et les autres formes de vie de l'écosystème local.
Travail réduit du sol : De nombreuses fermes ont adopté des pratiques de culture sans labour, de semis directs ou de travail réduit du sol. Ces pratiques laissent des tiges et des racines de la récolte précédente dans le sol, ce qui réduit les risques d’érosion du sol tout en y conservant davantage de carbone et autres nutriments.
Rotations des cultures : Des rotations de diverses cultures stratégiques permettent d’améliorer la santé des sols. Ainsi, ces derniers retiennent plus d’eau (nécessitant moins d’irrigation), plus de nutriments (nécessitant moins d’engrais) et plus de carbone (favorisant la vie microscopique dans le sol).
Culture de couverture : Cette culture secondaire peut être ajoutée dans les champs après la récolte pour aider à réduire les risques d’érosion du sol, à augmenter la fertilité et l’humidité du sol, à lutter contre les mauvaises herbes, les ravageurs et les maladies, en plus de favoriser la biodiversité.

La gestion de l’offre joue-t-elle un rôle dans le développement durable?
Le développement durable n’a pas à se faire au détriment de la situation économique du producteur ou du prix du lait. En vertu de la gestion de l’offre, les producteurs laitiers travaillent collectivement pour aligner leur production à la demande du marché canadien. Le système a été mis en place au Canada dans les années 1960, pour gérer la volatilité du marché et pour offrir un revenu équitable aux agriculteurs tout en répondant à la demande des consommateurs. Lorsque l’offre est bien alignée sur les besoins du marché, le secteur peut éviter une production excessive et ainsi être plus efficace à éviter un gaspillage des ressources.
Sources
(1) Farmers of Climate Solutions. 2024. Producer Perceptions of Environmental Sustainability and Climate Change. https://farmersforclimatesolutions.ca/2024-poll
(2) Environnement et Changement climatique Canada. Sources et puits de gaz à effet de serre : sommaire 2021.
(3) Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, 2019. Climate change and the global dairy cattle sector. http://www.fao.org/3/CA2929EN/ca2929en.pdf
(4) Producteurs laitiers du Canada. 2022. L’avenir laitier: Cap sur 2050 – la stratégie de carboneutralité des Producteurs laitiers du Canada
(5) Producteurs laitiers du Canada. 2022. Guide des pratiques de gestion bénéfiques pour atténuer les émissions dans les fermes laitières
(6) Agriculture et Agroalimentaire Canada. Environnement et durabilité en agriculture. https://agriculture.canada.ca/fr/environnement
(7) Producteurs laitiers du Canada - Recherche laitière – Durabilité environnementale. https://producteurslaitiersducanada.ca/fr/recherche-laitiere/projets-de-recherche/durabilite-environnementale
(8) Laforge J & al. 2021. Farming the Future: Agriculture and climate change on the Canadian Prairies. https://www.iisd.org/system/files/2021-11/farming-future-agriculture-climate-change-canadian-prairies.pdf