Un secteur laitier qui livre la marchandise : pourquoi la gestion de l'offre convient bien à un Canada moderne

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Les producteurs laitiers canadiens disposent des outils nécessaires pour fournir aux Canadiens des aliments de grande qualité produits ici, tout en contribuant à la durabilité et à la vigueur des collectivités rurales et de l'économie du Canada. Mais le Canada doit rester ferme et défendre son système afin de tirer pleinement parti des avantages qu'il offre.

Par David Wiens, Président David Wiens

En juillet 2023, David a été élu président des Producteurs laitiers du Canada.

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Points saillants

  • La gestion de l'offre est une approche canadienne créant les conditions dont les producteurs comme moi ont besoin pour continuer à fournir du lait de grande qualité à l’échelle locale aux consommateurs canadiens.
  • Nous ne pouvons pas laisser les pressions extérieures compromettre la décision du Canada de donner la priorité aux besoins des Canadiens et des producteurs qui les nourrissent. Si nous le faisons, nous renoncerons à bien plus qu'à de l'espace sur les étag

C'est une réalité simple : les pays doivent être en mesure de nourrir leurs citoyens. Mais dans un monde où il suffit d'un clic pour commander ses aliments, on oublie facilement que la disponibilité des denrées alimentaires n'a rien d’automatique. Elle est le fruit du travail acharné des producteurs, ainsi que des personnes et des systèmes qui les soutiennent. 

La gestion de l'offre est l'un de ces systèmes. 

Il s'agit d'une approche canadienne créant les conditions dont les producteurs comme moi ont besoin pour continuer à fournir du lait de grande qualité à l’échelle locale aux consommateurs canadiens, et qui favorise le développement d'un secteur renforçant nos communautés rurales et l'économie de notre pays. 

La gestion de l'offre donne la priorité aux Canadiens. C’est ce qui a propulsé le secteur laitier sous les feux de la rampe, alors que les négociations commerciales se poursuivent avec notre voisin du Sud. 

Mais nous ne pouvons pas laisser les pressions extérieures compromettre la décision du Canada de donner la priorité aux besoins des Canadiens et des producteurs qui les nourrissent. Si nous le faisons, nous renoncerons à bien plus qu'à de l'espace sur les étagères. 

Un approvisionnement stable en aliments de grande qualité produits ici 

Grâce à la gestion de l’offre, les producteurs laitiers produisent suffisamment de lait pour répondre aux besoins des Canadiens. En échange, ils obtiennent un revenu juste et les consommateurs bénéficient d'un approvisionnement stable en lait produit ici selon les normes élevées du Canada. Les accords commerciaux permettent à certains pays de vendre certaines quantités de produits laitiers au Canada, tandis que notre pays assure l'accès à des aliments produits ici dans nos magasins. 

L'imprévisibilité de l'environnement commercial mondial actuel nous rappelle de manière convaincante que la gestion de l'offre, qui a bien servi le Canada pendant des décennies, constitue une excellente base pour l'avenir des secteurs des produits laitiers, de la volaille et des œufs. 

Avec 9 000 fermes laitières familiales réparties d'un océan à l'autre, il s'agit d'un système à la fois véritablement national, mais local en même temps. Il ne faut généralement que deux à trois jours entre le moment où je fais la traite d’une vache et celui où le lait se retrouve dans les rayons d'une épicerie à proximité. 

Comme nous produisons suffisamment de lait pour répondre à leurs besoins, les Canadiens peuvent compter sur les producteurs canadiens, et non sur ceux d'autres pays, ce qui est particulièrement important en période de tensions commerciales, de droits de douane, de perturbations de la chaîne d'approvisionnement ou de volatilité des prix mondiaux. 

Certains pays aimeraient avoir un meilleur accès à notre marché, mais lorsque des concessions commerciales sont accordées, comme dans le cas de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACÉUM), les produits ou ingrédients importés remplacent les aliments produits par les Canadiens dans les rayons des magasins, ce qui affaiblit notre capacité à nous nourrir. 

Nous avons constaté l'impact d'une dépendance excessive à l'égard des importations pendant la pandémie de COVID-19. Les œufs, autre aliment de base soumis à la gestion de l'offre au Canada, constituent un autre exemple concret. Au début de l'année, l'offre américaine d'œufs a considérablement diminué et les prix ont grimpé en flèche, les producteurs étant confrontés à des éclosions de grippe aviaire. Heureusement pour les Canadiens, les œufs sont produits à l'intérieur de nos frontières. Si nous avions alors été dépendants des importations, les Canadiens auraient pu être confrontés à des pénuries ou à des hausses de prix similaires. 

Un autre facteur qui contribue à la sécurité alimentaire est la taille et la répartition géographique des fermes laitières canadiennes. Les fermes laitières, qui sont réparties dans les dix provinces, comptent en moyenne 105 vaches laitières. Le fait d'avoir de nombreuses fermes familiales réparties dans tout le pays qui travaillent ensemble pour fournir du lait aux Canadiens réduit l'impact généralisé des tempêtes, des sécheresses et des maladies, car la production peut être rééquilibrée et maintenue. 

Une base solide pour les producteurs et leurs communautés 

Un Canada rural fort et dynamique est essentiel à la prospérité future de notre pays, et les politiques gouvernementales et les accords commerciaux devraient viser à assurer que les producteurs disposent de ce dont ils ont besoin pour développer des économies locales résilientes et prospères. 

La stabilité de la gestion de l'offre soutient les producteurs laitiers dans cette démarche. 

Dans de nombreux autres pays, les producteurs sont confrontés à la volatilité des prix qu'ils obtiennent pour leur lait, ce qui entraîne une incertitude dans la planification de leurs activités. Au Canada, la stabilité des revenus permet aux producteurs laitiers de planifier des investissements stratégiques, tels que des systèmes de traite robotisés ou d'autres technologies, qui renforcent leur avantage concurrentiel en les aidant à maximiser leur productivité, à réduire leurs coûts et à saisir les occasions d'améliorer leur efficacité. 

Les avantages vont au-delà de la ferme. Les secteurs canadiens soumis à la gestion de l'offre (produits laitiers, œufs et volaille) soutiennent près de 431 000 emplois à temps plein et contribuent à hauteur de 45,1 milliards $ au PIB du Canada, ce qui permet de maintenir des emplois dans les régions rurales du Canada grâce à des investissements locaux qui soutiennent les entreprises rurales telles que les fournisseurs d'équipement, les vétérinaires, les programmeurs, les chauffeurs routiers, les transformateurs, etc. 

Chaque fois que des concessions sont accordées, elles ont un impact négatif sur cette contribution économique, freinent la croissance et les investissements, et nuisent aux communautés et aux familles de producteurs qui dépendent du secteur laitier pour leur gagne-pain. 

Normes adaptées à notre pays 

Les Canadiens se soucient de la manière dont leurs aliments sont produits et de leur provenance. La gestion de l'offre évite un nivellement vers le bas en assurant que des normes élevées soient appliquées dans toutes les fermes et que les producteurs bénéficient de la stabilité nécessaire pour les respecter. 

Les hormones de croissance artificielles sont interdites dans la production laitière canadienne, et tout le lait est testé pour vérifier qu'il ne contient aucun résidu d'antibiotiques. En fait, il y a beaucoup à dire au regard des normes respectées par les producteurs. Grâce à un programme appelé proActionMD, toutes les fermes laitières canadiennes sont soumises à des audits rigoureux en matière de salubrité des aliments, de bien-être animal et d'environnement. Ainsi, les producteurs respectent ou dépassent les réglementations fédérales et provinciales. 

Et lorsque les Canadiens voient le logo « Lait de qualité » de la vache bleue (ou Produit du Canada) dans les épiceries, ils peuvent acheter en toute confiance, sachant que ce logo est synonyme de normes élevées. 

Au Canada, les fermes laitières sont généralement transmises de génération en génération. Cela permet à notre secteur de rester tourné vers l'avenir en ce qui concerne la façon dont nous prenons soin de la terre, de l'eau, des animaux et de l'air. L'empreinte carbone d'un litre de lait canadien est inférieure à la moitié de la moyenne mondiale. Et en tant que secteur, nous continuons à investir en recherche et à valoriser les pratiques bénéfiques de gestion dans le cadre de nos efforts pour atteindre la carboneutralité. 

Tout cela contribue à créer un système alimentaire résilient et durable que les consommateurs canadiens peuvent être fiers de soutenir dans les rayons des épiceries. 

Faire nos propres choix 

En fin de compte, la gestion de l'offre renforce le pouvoir du Canada à faire ses propres choix — le pouvoir de choisir comment nos aliments sont produits, d'où ils proviennent et quelles normes ils respectent. 

Et ce n'est pas quelque chose que nous devrions sacrifier. 

Si nous voulons continuer à profiter des avantages que la gestion de l'offre a apportés à l'économie, aux collectivités et aux consommateurs canadiens, nous devons demeurer suffisamment confiants et forts pour maintenir nos choix stratégiques à long terme. 

Et nous ne pouvons pas laisser d'autres pays faire ces choix pour nous. 

Cet article a été publié le 27 octobre 2025 sur le site web TheFutureEconomy.ca